Le ThinkPad est mort

2013-03-25

Je le clame haut et fort, sans être, heureusement, le seul : le ThinkPad® est mort.

En 2005-2006, Lenovo reprenait la division informatique d’IBM, ce qui signifiait également que Lenovo allait concevoir les ThinkPads®, et c’était déjà plutôt redouté à l’époque.

Le premier modèle n’ayant jamais porté l’estampille IBM est le T61, et j’en ai un (modèle 7663), que j’ai pu comparer avec un T60, et déjà à l’époque, on pouvait parler d’agonie du ThinkPad®.

T61 vs. T60 :

Je recommande ardemment la lecture d’évaluations de ThinkPads® en suivant l’ordre chronologique, c’est édifiant, car même des gens qui n’aiment pas vraiment les ThinkPads® y trouvent des défauts, objectivement, sans s’en référer au passé, il faut cependant se méfier de ceux qui sont trop facilement corrompus et qui ne servent qu’à l’extension du service marketing de l’entreprise. Une autre lecture additionnelle, nettement plus objective : les manuels de service, assez utiles pour avoir le détail des procédures de réparation qui mettent en évidence une conception de moins en moins soignée et de moins en moins orientée vers la « réparabilité ».

De nos jours, ces petits problèmes sont minimes en comparaison avec l’Apple®-isation flagrante des ThinkPads® :

Si je pleure tout cela, c’est parce que Lenovo a les brevets : si un concurrent décide de s’emparer du marché de l’ordinateur portable professionnel solide et durable avec des périphériques d’entrée qui ne sont pas trop inutilisables, il finira attaqué en justice et avec des millions d’amendes à payer, à moins que Lenovo et sa clientèle de masse (donc pas les clients professionnels, juste le consommateur moyen) ne se décident à changer un peu, le ThinkPad® tout court n’est plus qu’une marque sans aucune valeur, pas mieux que le ThinkPad® Edge™ ou qu’un HP® ou même un Dell®.

Tout ce qu’il reste à Lenovo®, Dell® et HP®, ce sont leurs services consommateurs destinés aux professionnels qui sont encore potables, surtout aux États-Unis.

Où ira la demande des consommateurs aussi exigeants que moi ? Les Frankenpads, peut-être : ce sont des ThinkPads modifiés pour utiliser une carte mère d’un modèle plus récent que celui du corps extérieur, parfois avec un écran de meilleure qualité que l’original (les Flexview®, une gamme qui n’a hélas pas fait long feu, étaient des dalles IPS décentes), et avec un BIOS modifié pour accepter un CPU parfois à la limite de la compatibilité de la carte mère, ou des cartes WiFi officiellement non compatibles via la suppression de la liste blanche intégrée. Mais ce n’est pas donné à tout le monde d’en assembler un, et je ne connais pas d’assembleur professionnel. Je crois plutôt que les professionnels finiront par acheter du matériel Apple®, après tout, s’ils veulent utiliser Microsoft® Windows®, c’est possible, et de plus en plus de boîtes achètent des produits Apple®, ça a l’air d’être une mode. Il y a beaucoup de demande de la part d’incompétents qui sont ravis d’utiliser des logiciels propriétaires dont ils ne maîtrisent que les bases sans comprendre rien à l’informatique, il y a beaucoup de demande de la part d’ignorants qui refusent obstinément de lire tout ce qu’une machine leur dit, aussi clair que ce soit… Forcément, le marché s’adapte, les professionnels qui développent des logiciels sous GNU®/Linux® sur un ThinkPad® sont une infime minorité en comparaison aux Michu qui veulent remplir leur déclaration d’impôts sur le site Web de leurs maîtres en cochant des cases et en entrant des nombres dans un formulaire.

J’ai pour ma part décidé de ne plus acheter d’ordinateur portable récent tant que la situation ne s’améliore pas, et je sais que je vais devoir attendre très longtemps avant que ça ne se « débloque », peut-être même jusqu’à l’expiration des brevets, merci l’État, merci Lenovo, et merci la foule.